Il est 7H00, je regarde par la fenêtre, il fait encore nuit dehors. Je bois mon café d’une traite, charge la voiture et effectue les 5km qui me séparent de ma destination : le bord d’une grande roselière partiellement gelée où j’observe régulièrement des regroupements intéressants d’oiseaux depuis plusieurs jours.
J’arrive sur le secteur, il fait toujours nuit. Je sors de la voiture et… merde… j’ai oublié mon gros manteau d’hiver à la maison, je vais congeler mais il est trop tard pour faire demi-tour. J’installe mon affut fraichement terminé de la veille, m’allonge dedans, je suis prêt. Il est 7h30, l’aube se lève.
7h45, les premier signes de vie commencent à se faire entendre, un râle d’eau crie à proximité, une première aigrette se pose sur la glace et commence à pêcher sur le bord dégelé de la roselière. La lumière est encore trop faible, j’attends. Je constate qu’il ne me reste plus que 38% de batterie… merde… j’ai oublié de les recharger…
8h05, une belle lumière orange inonde la roselière et le râle d’eau daigne sortir à découvert.
Plusieurs aigrettes finissent par arriver en même temps, je fais quelques images tout en essayant d’économiser les batteries… Elles se chamailleront bruyamment les bons coins non gelés pendant un bon moment.
8h30. Deux ibis falcinelles viennent se mêler à la petite troupe d’aigrettes qui compte 9 oiseaux maintenant. Restant ensemble, ils recherchent quelques petites larves aquatiques à se mettre sous le bec en se frayant un chemin entre les brins de roseaux.

9h15. Un héron cendré se pose au milieu du groupe d’aigrettes en poussant de grands cris. Lui aussi est venu chercher de menus poissons bien utiles par ce froid. Le martin pêcheur est également à l’affût.
10h00. Les batteries s’épuisent à vitesse grand V, j’éteins l’appareil en espérant la visite du butor.
10h45. Je commence à avoir très froid, mes orteils me font mal. J’ai beau les bouger dans tous les sens dans ma chaussure, impossible de les rechauffer… En 45 min sans rien faire, je trouve le temps long. Je m’occupe comme je peux, j’envoie un texto à ma copine pour me plaindre du froid, je regarde le temps défiler sur mon portable, je me grille une clope, je pose ma tête sur mon sac photo en essayant de ne pas penser à mes orteils… A 11h00, si rien ne se passe et que j’ai une ouverture pour ne pas déranger les piafs, je plie les gaules !
11h00. Je l’attendais plutôt sur la droite et il est arrivé sur… la gauche… Le butor ! Je vais rester pendant plus d’1h en sa compagnie, un vrai régal pour les yeux de pouvoir l’observer sans être vu. Cela faisait plus de 5 ans que je lui courrais après en espérant faire des photos dans ces conditions. C’est chose faite !
Comportement étonnant, il ne supporte pas que les aigrettes s’approchent de lui…
12h30. Il disparait tranquilement dans les roseaux, juste le temps de faire une dernière photo de grande aigrette et une voiture passe sur le chemin tout près, tout le monde s’envole. J’en profite pour m’éclipser…


